Un virage à 180 degrés dans le développement et la mise en marché du tourisme.
Alors que nous sommes, après deux ans, enfin à l’aube d’une véritable relance en tourisme passant du stade de pandémie à endémie;
Alors que pour assurer cette relance touristique, l’enjeu des ressources humaines EST la priorité #1 à court terme. Sans RH, il ne pourra y avoir également une transformation déterminante de notre tourisme face aux changements climatiques, notre défi existentiel à tous.
Des entreprises, des destinations, des organisations et des individus convaincus de l’avenir durable du tourisme agissent et se transforment. Aujourd’hui, parlons de trois destinations très engagées qui décident de se transformer pour le mieux. Chacune fait le pari que l’expérience des visiteurs sera bonifiée et les recettes touristiques maintenues même si elles exigent des visiteurs de respecter le mode de vie local et d’agir responsablement. Ici au Québec, les Iles-de-la-Madeleine et la ville de Québec (Destination Québec cité) se démarquent déjà et viennent de compléter leurs stratégies durables, très concrètes. D’autres organisations québécoises de gestion des destinations (OGD) y travaillent également. De quoi nous encourager pour un nouveau tourisme et face à la morosité covidienne.
- Hawaï
Il y a un an, dans ces pages, je mentionnais que les parties prenantes de ce 50e État (résidents, PME touristiques, 4 sous-régions, OGD) ne souhaitaient vraiment pas revenir au tourisme d’avant la COVID-19! En juillet dernier, malgré les mesures covidiennes en place, l’État a connu une hausse insoutenable de 21% par rapport à 2019. « Les autos de location étaient tellement toutes louées qu’on voyait des camions U-Hauls dans les stationnements de nos plages…le prix moyen d’un hôtel sur l’île de Maui en août fut de 596$ la nuit…. » mentionne John De Fries, le président du tourisme d’Hawaï.Et bien Hawaï passe de la parole aux actes dans sa transformation plus durable.
Quelques exemples :
- Pour la 1re fois, l’Hawai Tourism Authority est maintenant en majorité dirigé par des Hawaïens d’origine au lieu de diplômés en tourisme provenant du continent;
- Les 4 sous-régions de l’État ont complété un plan de développement stratégique jusqu’en 2025 mettant l’emphase sur la durabilité par l’implication des résidents et le sensibilisation des visiteurs au lieu du marketing ;
- Réservation obligatoire pour la douzaine de sites naturels les plus populaires des Îles. Frais d’entrée et de stationnement pour les non-résidents avec visionnement obligatoire de consignes dans certains cas et fermeture 2 jours par semaine pour permettre à la Nature de se régénérer. « L’eau est plus limpide, les visiteurs sont sensibilisés et les revenus autonomes permettent de gérer la baie » imagine ainsi le tourisme durable, M. Sean Dee le V-P exécutif d’une des chaînes (Outrigger) hôtelières les plus présentes sur les îles. « Une situation gagnant-gagnant pour tous !”
- Hawaian Airlines projette sur tous ses vols une vidéo de sensibilisation auprès des visiteurs portant sur la précarité de la biodiversité locale et des consignes de sécurité lors de leurs séjours.
- Authenticité culturelle (gastronomie, habillement, musique et danse). Réappropriation de la réalité de la culture hawaïenne. « Par la passé, le tourisme ici se nourrissait des préjugés de spécialistes marketing qui dictaient ce que les Blancs voulaient voir et entendre » – Clifford Nae’ole, conseiller culturel au Ritz-Carlton Maui.
- Le fameux collier de bienvenue (lei). Dorénavant les fleurs ne seront pas des orchidées importées de l’Asie du Sud-Est à grands frais écologiques mais des fleurs locales.
- Depuis novembre dernier, le programme « Malama » (prendre soin de la terre), une des valeurs traditionnelles hawaïennes. « On aura toujours des visiteurs qui veulent leur « mai tai » sur le bord de la piscine, mais des programmes comme Malama nous aident à cibler des voyageurs plus engagés…. » – Ilihia Gionso, responsable des relations publiques à Hawaii Tourism Authority . Ce programme est soutenu par 110 hôteliers et compagnies aériennes qui se sont engagés à fournir une nuitée gratuite aux voyageurs qui s’engagent à consacrer 1 journée de leur séjour à nettoyer les plages ou replanter des arbres.
- Finlande
Ce pays de 5,5 millions de résidents mène le bal de la transition durable en tourisme sur notre planète. Autant les Scandinaves apprécient naturellement les joies de l’hiver et ont su développer une gastronomie nordique de qualité par le passé, autant, la transition durable en tourisme n’est pas qu’une nouvelle approche marketing, mais s’inscrit naturellement dans leurs valeurs. Ceux et celles présents au Symposium de Tourisme Durable Québec le 3 novembre dernier ont pu entendre le représentant d’Helsinski, la capitale qui veut devenir LA destination la plus durable de la planète. Voici quelques éléments constituant leur arsenal durable en tourisme :
- Depuis 2 ans, le gouvernement finlandais a lancé avec succès un label national « Sustainable Travel Finland » pour les destinations et les entreprises touristiques. Voyez le parcours requis pour être reconnu :
La Finlande fournit ensuite aux entreprises une liste d’une dizaine de certifications internationales reconnues et crédibles.
- Tout comme pour Hawaï, ils incitent fortement les visiteurs à partager les valeurs locales par des exemples concrets d’un voyageur durable et même une charte d’engagement :
- Norvège
Ce plan norvégien en tourisme est très inspirant et surtout innovant. Vous pouvez y accéder ICI :
Le plus impressionnant à mon avis – qui indique la profondeur des changements du tourisme durable norvégien – est leur nouvel indicateur national touristique qui combine par marché touristique géographique, non seulement les recettes générées, mais également l’empreinte carbone. Bref on veut des visiteurs payants, mais en priorité ceux qui impactent le moins en CO2. Pour ce faire, ils ont réalisé au préalable, comme le gouvernement français, une étude sur les GES touristiques.
Cette connaissance de l’empreinte carbone du tourisme permet à ces deux pays de savoir où intervenir en priorité, mais également de voir la progression ou pas de la diminution des GES en tourisme. Au Québec, on navigue dans le flou pour le moment…