Ce modèle d’affaires, qu’on appelle aussi l’entrepreneuriat collectif, se fonde sur la mise en commun des forces pour relever des défis économiques. Son mode de gouvernance défend une approche démocratique et collaborative.
C’est quoi? En quelques mots
Selon le Chantier de l’économie sociale (1) qui fait autorité au Québec, ce mode de gestion concerne environ 12 000 entreprises et 220 000 travailleurs. Il vise le rendement local, le reversement des bénéfices dans la collectivité et la défense du bien commun. Il œuvre dans des secteurs très diversifiés, incluant le tourisme et ses sous-secteurs, comme la gestion d’espaces naturels, l’hébergement en passant par les Associations touristiques régionales et sectorielles du Québec (ATR et ATS) et les transports.
Les trois types de structures organisationnelles en économie sociale
L’économie sociale englobe trois types d’organisations:
– Les OBNL (organisme à but non lucratif).
– Les coopératives non financières (sur le modèle des coopératives d’habitation).
– Les coopératives financières ou mutuelles (regroupant des personnes qui veulent répondre elles-mêmes à leurs besoins au meilleur coût).
Les cinq sortes de coopératives
– Les coopératives de consommateurs donnant accès à des biens et des services pour usage personnel.
– Les coopératives de producteurs générant des avantages économiques aux producteurs qui fournissent des biens et des services nécessaires à l’exercice de leur métier.
– Les coopératives de travailleurs rassemblant des membres qui sont à la fois propriétaires de l’entreprise et employés.
– Les coopératives de travailleurs actionnaires regroupant des travailleurs qui désirent acquérir des actions d’une entreprise (gérée par une convention d’actionnaires).
– Les coopératives de solidarité comprenant au moins deux des trois catégories de membres (travailleurs, utilisateurs et de soutien), donc des personnes qui désirent s’impliquer d’une manière distincte autour d’une cause commune.
Le Québec est la plaque tournante de l’économie sociale en Amérique du Nord, notamment dans le secteur touristique.
Au Québec, 10% des entreprises collectives œuvrent en tourisme, soit environ 1200 entreprises. Ce mouvement prend de l’ampleur dans ce secteur, même si la pandémie l’a un peu freiné ces dernières années. «Les entrepreneurs collectifs sont très probants dans le tourisme, explique Patrice Blais, directeur général de la Coopérative de développement régional du Québec, régions Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, Îles de la Madeleine (3). Surtout dans des sous-secteurs comme les campings dont les travailleurs saisonniers sont des repreneurs potentiels quand ces établissements sont à vendre.» Ce modèle permet de maintenir et de stabiliser la main-d’œuvre dans des régions où le développement économique est plus fragile que dans des régions urbanisées. C’est le cas de la coopérative de solidarité du GéoParc de Percé qui offre, en plus des activités quatre saisons de plein air, plusieurs structures d’hébergement : campings avec ou sans services et tentes de prêt-à-camper.
L’économie sociale : un modèle structurant, durable, équitable et générateur de profits. Rien à voir avec la charité!
48 milliards de dollars : c’est le chiffre d’affaires annuel généré par l’ensemble des coopératives et des OBNL, dont 468 millions de dollars rien qu’en tourisme et en loisir. «Les jeunes générations croient beaucoup à ce modèle d’affaires qui est moins risqué parce qu’il n’engage pas les fonds personnels, explique Patrice Blais. De plus, des coopératives de solidarité facilitent le membership entre partenaires d’affaires, comme un restaurateur et une micro-brasserie, par exemple.»
Ces entreprises de l’économie sociale sont soutenues financièrement par le Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie qui propose un Plan d’action gouvernemental en économie sociale 2020-2025 (5).
Qu’est-ce qui explique l’importance de l’économie sociale en tourisme? Comment l’entrepreneuriat collectif est-il un levier en tourisme durable?
Ce modèle d’affaires renforce le sentiment d’appartenance à un territoire, à une communauté et à une destination autour d’un projet plus socialement acceptable que celui d’une entreprise privée parce que le profit n’est pas son unique objectif. De plus, il préserve ces territoires d’un développement «sauvage» et privilégie l’accès public. Enfin, il favorise la protection de l’environnement, comme c’est le cas au mont Kaaikop, géré par la coopérative L’Interval qui travaille en partenariat avec l’organisme Coalition Mont-Kaaikop pour protéger la forêt ancestrale de l’exploitation forestière. À l’image de L’Interval, ou de la Société de développement du réservoir Kiamika (qui gère le parc régional Kiamika), les entreprises touristiques collectives garantissent la percolation des bénéfices sur l’économie locale et au cœur des communautés en agissant comme des produits d’appel. En prime, elles consolident les emplois : selon le Chantier de l’économie sociale, ces types d’entreprises sont beaucoup plus pérennes que les entreprises privées.
Des entreprises favorisant les pratiques durables et responsables.
Faire des choix d’approvisionnement responsable et de gouvernance responsable, basés sur des critères environnementaux, sociaux et économiques : c’est la valeur ajoutée de l’économie sociale. Les entreprises qui relèvent de ce modèle privilégient :
-Les produits biologiques
-Les produits compostables
-Les matériaux recyclables
-Les cycles courts
-L’Éco-conception
-Les pratiques moins énergivores
-Les emplois de qualité
L’entrepreneuriat collectif défend une mission sociale en prime
Les Objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030 (6) des Nations Unies mettent aussi l’accent sur la dimension sociale du tourisme en privilégiant l’inclusion, notamment celle des minorités visibles, la solidarité, la justice sociale et une rétribution équitable des bénéfices et des ressources. Comme le fait la coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord, dans la région de Portneuf, avec son programme d’insertion socioprofessionnelle qui emploie chaque année des jeunes de la communauté en difficulté pour l’entretien des sentiers. Cette entreprise d’économie sociale crée une synergie porteuse avec toute la communauté, manière de démontrer que le territoire «appartient» à tous.
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Pour aller plus loin :
Lecture
L’Économie sociale au Québec : portrait statistique, Étude
Balado
L’économie sociale, Après la pause
Sources :
(1) Chantier de l’économie sociale (2023)
(2) 11 200 entreprises d’économie sociale au Québec, Cision (2019)
(3) Gaspésie-Les-Iles – Bureau régional de la CDRQ, Coopérative du développement régional du Québec (2023)
(4) Le poids du tourisme dans l’économie canadienne, Réseau veille tourisme (2018)
(5) Plan d’action gouvernemental en économie sociale 2020-2025, Gouvernement du Québec (2023)
(6) Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030, Nations Unies (2023)