Les Cocagnes est une ferme collective agro-écologique située à Frelighsburg, dans les Cantons-de-l’Est. L’OBNL est né en 2020 du rêve de Stéphanie Hinton qui, pour arracher une terre de 40 acres des griffes de la spéculation, s’est entourée d’une équipe afin de mettre sur pied un projet rassembleur.
À la base, Les Cocagnes cherche avant tout à développer un nouveau modèle de cohabitation pour offrir à des entreprises agricoles en démarrage un accès à la terre, à des équipements et une mise en marché commune. Il faut savoir qu’au Québec, la relève agricole est confrontée à de nombreux enjeux, dont une faible disponibilité des terres agricoles et un coût élevé pour acquérir celles-ci.
Or, le tourisme est rapidement devenu une part importante des activités de la ferme. En effet, avec ses tables champêtres et ses projets à venir de boutique et d’atelier de transformation, l’agrotourisme constitue aujourd’hui un levier pour permettre aux Cocagnes d’accomplir sa mission durable en agriculture. De manière plus large, c’est aussi une occasion de promouvoir auprès du grand public les pratiques agricoles saines et respectueuses des écosystèmes naturels.
Le partage et la mutualisation : des ancrages qui solidifient un projet
Aux Cocagnes, le partage et la mutualisation se situent au cœur de la mission. Ces pratiques servent d’ancrage pour solidifier les bases du projet et permettre l’accomplissement de plus grandes choses.
Pour la fondatrice Stéphanie Hinton, la mutualisation, c’est d’abord une bonne pratique entrepreneuriale, peu importe le type d’entreprise : « D’emblée, ça donne des points marketing à son entreprise et ça fortifie l’expérience client. »
Puis, le partage et la mutualisation contribuent à la vitalisation du milieu. En effet, c’est l’ensemble de la communauté qui bénéficie de la synergie qui se crée entre différentes organisations locales.
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Les Cocagnes – production agricole. Crédit photo: Daph et Nico
Une table champêtre pour faire rayonner la production locale
Toutes les fins de semaine de l’été, une vingtaine de convives par soirée ont la chance l’opportunité de vivre une expérience gourmande hors du commun lors de tables champêtres dans un décor enchanteur. Des chefs de renom ont carte blanche pour concocter un menu éphémère qui met en valeur les produits des fermes établies aux Cocagnes et d’autres producteurs agro-écologiques. Une liste de producteurs locaux est remise aux chefs, incluant des vignobles, des cidreries et des microbrasseries pour un accord mets et alcool parfait.
Jusqu’à maintenant, les tables champêtres ont été préparées à partir de produits d’une cinquantaine de producteurs et d’artisans locaux, ce qui contribue à tisser des liens d’affaires.
Les bénéfices de cette activité servent à financer l’OBNL. À terme, la plupart des ingrédients nécessaires à la table champêtre et à la future boutique seraient produits sur l’une des fermes installées aux Cocagnes. Pour l’instant, la ferme collective compte des projets maraîchers biologiques et une pépinière d’arbres à fruits et à noix. D’autres parcelles disponibles ont un potentiel apicole, acéricole, floral, céréalier et même animal.
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Les Cocagnes – tables champêtres. Crédit photo: Daph et Nico
Élargir la communauté de partage
Un projet de concertation est en cours de réflexion pour élargir l’accès aux équipements des Cocagnes à d’autres fermes du coin. L’équipe évalue actuellement les besoins communautaires pour déterminer comment rentabiliser les équipements tout en aidant d’autres productrices et producteurs.
Un projet de mise en marché partagée à la boutique est aussi à venir.
Un petit conseil pour la route!
Un processus qui demande du temps
Lorsqu’on demande à Stéphanie Hinton un conseil pour les entreprises touristiques qui souhaiteraient se lancer dans le partage et la mutualisation, elle est catégorique : « il faut se donner le temps! »
La mutualisation, ça complexifie la gouvernance. Il faut conjuguer divers intérêts et préoccupations, déterminer un mode de fonctionnement clair, développer la confiance entre les partenaires… Évidemment, ça amène aussi des réflexions importantes sur l’impact qu’on désire avoir autour de soi.
C’est un processus de fond qui est nécessaire, mais qui en vaut la peine! L’équipe des Cocagnes peut aujourd’hui compter sur un véritable réseau d’acteurs qui peut l’aider dans la réalisation de nombreux projets innovants.
De même, la communication est la clé pour s’assurer que l’ensemble des partenaires, tout comme la population de la communauté d’accueil, comprennent bien la mission et les objectifs du projet.
Un mot sur le financement
Pour soutenir ses activités, les Cocagnes dispose d’un outil de financement solidaire : l’émission d’obligations communautaires. Il s’agit d’un titre de créance émis par l’OBNL à toute personne ou organisation qui désire la soutenir. Ce n’est pas un don, mais un type de prêt qui rapporte des intérêts annuels, tandis que le capital est remboursé à échéance. Cette forme de financement permet aux obligataires d’investir dans une entreprise locale et de soutenir sa mission.
Actuellement, l’OBNL dépend aussi de subventions. À terme, l’organisation deviendrait viable grâce à ses revenus autonomes. Aussi, une fois les frais d’acquisition de la terre remboursés d’ici quelques années, l’objectif serait de créer une fiducie d’utilisation agricole pour qu’elle ne soit jamais vendue (et ainsi protégée une fois pour toute de la spéculation!).
« Il y a actuellement une volonté politique pour ce type de projets et plusieurs fonds disponibles. Pourquoi ne pas en profiter pour faire le virage? », conclut Stéphanie Hinton.
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Pour aller plus loin :
- La mutualisation des ressources comme stratégie d’affaires : Tes ressources, notre richesse!
- La mutualisation – TIESS
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Bonnes pratiques – Tourisme durable Québec
Cet article a été produit avec la participation financière du gouvernement du Québec.
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