19 juillet 2024

À la rescousse du patrimoine culturel immatériel

Par la Société du réseau ÉCONOMUSÉE® (SRÉ

La Société du réseau ÉCONOMUSÉE® (SRÉ) contribue à la sauvegarde et à la mise en valeur d’une grande diversité de pratiques culturelles traditionnelles issues du patrimoine culturel immatériel (PCI), grâce au déploiement de sa marque Artisans à l’œuvre et au développement de projets liés au PCI. En février 2024, la SRÉ a lancé la première édition du colloque « Tourisme et patrimoine immatériel : tisser des liens durables », dans le but de démystifier la notion de PCI et d’explorer comment elle peut s’intégrer au tourisme durable.

Patrimoine culturel immatériel : une introduction

Le patrimoine culturel ne s’arrête pas aux monuments et aux collections d’objets. Il comprend aussi les traditions ou les expressions vivantes héritées des ancêtres et transmises à leur descendance, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel (1). 

L’expression « patrimoine culturel immatériel » a été officialisée en 1993 lors de la conférence internationale sur les nouvelles perspectives du Programme du patrimoine immatériel de l’UNESCO (2). Dix ans plus tard, en 2003, le PCI est devenu une catégorie de patrimoine issue de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l’UNESCO, suite à plusieurs mesures et recommandations (3).

Le Canada ne fait pas partie des 180 pays ayant ratifié la Convention (3). De nombreuses initiatives sont, malgré tout, entreprises en ce sens, dont certaines en concertation avec l’UNESCO. La province de Québec, par exemple, compte environ 130 acteurs œuvrant dans le domaine du PCI (4).

Au service du développement durable

Le patrimoine culturel immatériel (PCI) permet de contribuer efficacement aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Il s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement durable (5). 

Des exemple concrets 

Le réseau Artisans à l’œuvre ouvre ses portes aux visiteurs pour partager ses savoir-faire traditionnels. Plusieurs de ses entreprises s’inscrivent dans une démarche de développement durable et sont de bons exemples de ce qui peut être réalisé en tourisme durable. 

Le tourisme durable tient compte de ses impacts environnementaux, sociaux et économiques actuels et futurs, en répondant aux besoins de l’environnement, des communautés d’accueil, des professionnels et des visiteurs (6). Bien que les entreprises du réseau prennent en considération les impacts environnementaux, sociaux et économiques, certaines se distinguent particulièrement dans une catégorie donnée. 

Le PCI et le développement environnemental : le cas de Miel des Ruisseaux

Les produits de Miel des Ruisseaux sont réalisés de manière artisanale, naturelle, dans le respect de l’environnement. Fondée sur les traditions ancestrales de fabrication du miel et de produits dérivés tels que l’hydromel, la compagnie québécoise entretient un lien profond avec la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. 

Le miel étant l’ingrédient principal des produits de Miel des Ruisseaux, la préservation des abeilles est prioritaire. En soutenant les populations d’abeilles locales, l’entreprise apicole contribue à la préservation de la biodiversité de la région et au maintien des écosystèmes. 

Comme les produits de Miel des Ruisseaux requièrent peu de manipulation, leur production est moins intrusive sur l’environnement que celle de nombreux produits similaires. Cette simplicité de fabrication s’harmonise avec les principes de durabilité, renforçant ainsi l’engagement envers la conservation de l’environnement à travers des savoir-faire millénaires. 

Miel des Ruisseau offre ainsi un exemple concret de la manière dont le patrimoine culturel immatériel peut être préservé et promu, tout en favorisant le développement durable.

Apiculteurs et ruche d'abeilles

Situé au Saguenay-Lac-Saint-Jean dans la municipalité régionale de comté de Lac-Saint-Est, Miel des Ruisseaux participe à maintenir la biodiversité d’un riche terroir toujours préservé des industries polluantes et de l’agriculture industrielle.

Le PCI et le développement social : le cas d’Atikuss

En se spécialisant dans l’art traditionnel du tissage et de la fabrication artisanale de chaussures et d’accessoires, Atikuss participe à la sauvegarde des techniques artisanales autochtones. L’entreprise met en valeur l’importance du caribou dans la survie des Premières Nations, renforçant ainsi les liens entre le passé et ses produits.

Les artisanes d’Atikuss créent en puisant dans les traditions, tout en intégrant des principes modernes de durabilité. La mission d’Atikuss est ancrée dans la réutilisation et le non-gaspillage tout en assurant le renforcement des communautés autochtones.

En préservant le patrimoine culturel immatériel des Premières Nations, Atikuss rend hommage à ses ancêtres tout en offrant des opportunités économiques aux femmes autochtones. Grâce à des programmes de formation et d’emploi spécialement conçus pour elles, Atikuss favorise le développement social et économique des membres de sa communauté, tout en développant leurs compétences traditionnelles. Cette approche entrelace étroitement la préservation culturelle et le développement social.

En sensibilisant les visiteurs à l’importance de la culture autochtone et en promouvant le commerce équitable, Atikuss encourage également un dialogue interculturel positif et contribue à la création de liens sociaux durables. 

Atikuss est dédié au patrimoine culturel immatériel, un puissant catalyseur de développement social au sein de la communauté dans lequel elle s’inscrit.

boutique Atikuss

Atikuss travaille à la préservation de l’héritage des Premières Nations en offrant la possibilité aux femmes autochtones de transmettre un savoir-faire ancestral. Les Bottes de l’espoir, le projet phare d’Atikuss, répondent bien à cet objectif.

Le PCI et le développement économique : le cas de Bistreau d’érable

Bistreau d’érable est une érablière familiale où l’on fabrique du sirop d’érable et des produits dérivés. Alors que les activités principales des érablières sont traditionnellement associées au printemps, Bistreau d’érable sort des sentiers battus en accueillant la clientèle locale et touristique à l’année, trois jours par semaine, et ce depuis janvier 2024. Cette entreprise, ancrée dans le patrimoine culturel immatériel du temps des sucres, exerce un rôle significatif dans le développement économique de la région.

En effet, le menu inspiré du temps des sucres met à l’honneur les ingrédients locaux et le savoir-faire culinaire régional. Cette promotion des produits locaux gardent les revenus dans la communauté, contribuant ainsi à renforcer l’économie locale. 

De plus, la valorisation des produits régionaux encourage le tourisme tout en présentant les nombreux attraits de la région de Montmagny, les visiteurs étant souvent à la recherche d’expériences originales et de produits locaux authentiques. 

En valorisant les produits locaux, une économie plus résiliente et diversifiée est mise de l’avant, tout en préservant le patrimoine culturel et culinaire de la région. Cet exemple illustre un modèle concret où le PCI participe au développement économique durable.

Producteur de sirop d'érable

Après dix ans de production à petite échelle, Bistreau d’érable a progressivement développé son entreprise à partir de 2007. L’entreprise artisanale peut désormais recevoir des visiteurs à l’année grâce à des installations touristiques optimales.

Comment préserver les traditions et les expressions vivantes?

Pour rester vivant, le PCI doit être pertinent pour sa communauté, recréé en permanence et transmis d’une génération à l’autre (7). L’une des conclusions du colloque «Tourisme et patrimoine immatériel : tisser des liens durables» est que le PCI ne peut exister uniquement grâce au tourisme mais également par sa dimension locale.

Soutenir les activités liées au PCI dans sa région aide donc à la préservation des traditions ou des expressions vivantes héritées des ancêtres. Participer aux ateliers de savoir-faire artisanal, aux performances artistiques traditionnelles, aux événements et festivals culturels en sont quelques exemples. Acheter des produits locaux, que ce soit de l’artisanat, de la nourriture traditionnelle ou autre, contribue également à maintenir les traditions vivantes. 

Le réseau Artisan à l’œuvre offre des expériences culturelles immersives. Partir à la rencontre des artisans dans leurs ateliers et se lancer à la découverte de leurs savoir-faire traditionnels sont d’excellents moyens de contribuer à la préservation du PCI, le maintenant dynamique et bien vivant!

 

Sources : 

(1) Définition du patrimoine culturel, UNESCO Patrimoine culturel immatériel (non daté)

(2) Christian Hottin, Le patrimoine culturel immatériel : premières expériences en France, Arles, Actes Sud, 2011, 365 p. (ISBN 978-2-7427-8977-1), p. 12.

(3) Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, UNESCO Patrimoine culturel immatériel, non daté.

(4) Tel que rapporté par le directeur général du Conseil québécois du patrimoine vivant, Antoine Gauthier, lors du colloque « Tourisme et patrimoine immatériel : tisser des liens durables », organisé par la SRÉ, 2024.

(5) À propos du développement durable, Gouvernement du Québec, 2024.

(6) Tourisme de développement durable, PNUE et OMT, 2005, p.11-12. 

(7) Sauvegarder sans figer, UNESCO Patrimoine culturel immatériel, non daté.

 

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