27 mars 2024

La compensation carbone et les crédits carbone, ce qu’il faut savoir

Planète dans la main

La gestion des gaz à effet de serre (GES) est devenue un enjeu majeur pour les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité. En effet, les émissions de GES contribuent au changement climatique et ont des impacts sur l’environnement, la santé et l’économie. Pour faire face à ce défi, les entreprises doivent mettre en place une stratégie globale de gestion des GES qui comprend trois étapes principales : le bilan carbone, le plan de réduction des émissions et la compensation carbone des émissions non réductibles.

La compensation carbone

La compensation carbone est un moyen pour les organisations de contrebalancer les émissions de GES qu’elles n’ont pas pu réduire ou éviter par d’autres moyens. Cette compensation permet aux organisations de réduire leur empreinte carbone nette et de financer des projets par des crédits carbone pour la transition vers une économie à faible émission de carbone. Les projets peuvent prendre différentes formes, tels que la construction d’installations de production d’énergie renouvelable, la mise en place de systèmes de gestion durable des déchets, la reforestation, etc. Toutefois, elle ne doit pas être considérée comme une solution unique pour lutter contre les émissions de GES. Elle ne remplace pas les efforts de réduction, mais elle les accompagne. Il est important de choisir des projets de compensation carbone qui soient crédibles et conformes aux normes internationales reconnues, afin de ne pas être taxé et accusé de faire de l’écoblanchiment (greenwashing).

Qu’est-ce qu’un crédit carbone ?

Les crédits carbone sont des instruments financiers qui permettent aux entreprises et aux particuliers de compenser leurs émissions de GES en finançant des projets de réduction des émissions ou de captage du carbone. Il est important de mentionner que ces crédits carbone sont achetés soit de façon volontaire par les entreprises, soit obligatoire pour les industries les plus polluantes qui sont régies par le marché du carbone réglementé du Québec.

Par ailleurs, le terme « crédit carbone » n’est pas un terme réglementé. Cela a mené à des abus dans l’usage du terme. Afin d’encadrer son usage, quelques programmes de certification internationaux ont été lancés au fil du temps pour certifier ce qu’est un crédit carbone. Ces programmes de certification sont établis par des organisations telles que le Gold Standard (GS) et le Verified Carbon Standard (VCS). Les projets de compensation carbone qui souhaitent générer des crédits carbone doivent respecter les normes et protocoles établis par ces organisations pour que leurs crédits soient crédibles sur le marché volontaire du carbone.

Est-ce que tous les crédits carbone sont valables et que faut-il vérifier?

Pour qu’un crédit carbone soit crédible et efficace, il doit posséder plusieurs qualités :

Additionnalité : Les réductions d’émissions ou le captage de carbone réalisés grâce au projet doivent être additionnels, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas eu lieu sans le financement apporté par l’achat des crédits carbone.

Permanence : Les réductions d’émissions ou le captage de carbone doivent être durables et stables dans le temps. Il s’agit d’un enjeu particulièrement important pour les projets de reforestation, car on ne peut prévoir des décennies à l’avance si les arbres plantés seront coupés ou ravagés, annulant ainsi l’effet de la compensation.

Mesurabilité : Les réductions d’émissions ou le captage de carbone doivent être quantifiables avec précision et de manière transparente. Les méthodologies et les protocoles de mesure doivent être validés par des organismes indépendants et reconnus (GS ou VCS).

Vérifiabilité : Les résultats du projet doivent être vérifiés par des tiers indépendants et accrédités, garantissant ainsi l’intégrité et la crédibilité des crédits carbone.

Traçabilité : Les crédits carbone doivent être enregistrés dans des registres centralisés et transparents pour éviter les doubles comptages et assurer un suivi clair des transactions.

Co-bénéfices : Les projets générant des crédits carbone doivent également apporter des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux supplémentaires, tels que la création d’emplois, la préservation de la biodiversité ou l’amélioration de la qualité de l’eau.

Conformité aux programmes reconnus : Les crédits carbone doivent être conformes aux programmes internationaux reconnus, tels que ceux du GS, VCS ou CDM (Clean Development Mechanism). Ces programmes garantissent le respect des principes énoncés ci-dessus.

En recherchant des crédits carbone possédant ces qualités, vous contribuerez à des projets sérieux, intègres, efficaces et crédibles pour lutter contre le changement climatique et soutenir un développement durable.

Quelle est la différence entre les crédits ex post et les crédits ex ante?

Il est important de connaître la différence entre les crédits ex post et les crédits ex ante. Ces deux termes sont utilisés pour décrire le moment où les réductions d’émissions de GES sont comptabilisées et attribuées dans le cadre de projets de compensation carbone. La différence entre les deux réside dans le moment où les bénéfices climatiques que représentent ces crédits sont générés. Les crédits carbone ex post sont générés après que les réductions d’émissions ou le captage de carbone ont effectivement eu lieu tandis que les crédits carbone ex ante sont générés avant la réalisation des réductions d’émissions ou le captage de carbone. Ces crédits sont souvent associés à des projets de plantation d’arbres et sont basés sur des prévisions ou des estimations des réductions d’émissions futures. Cependant, les crédits ex ante présentent un niveau de risque plus élevé, car les réductions d’émissions prévues pourraient ne pas se matérialiser comme prévu. Contrairement aux crédits ex ante, les crédits ex post offrent une plus grande certitude quant à la réalisation effective des réductions d’émissions, car elles ont déjà été réalisées et vérifiées.

La hiérarchie des efforts de compensation carbone

Les projets de compensation technologique certifiés GS ou VCS

Les projets de compensation carbone de nature technologique, tels que ceux de production d’énergie solaire, d’énergie éolienne et de gestion des déchets, sont généralement considérés comme des mécanismes de compensation carbone plus efficaces, car ils permettent d’éviter les émissions de GES à la source. Ces projets contribuent à réduire la demande et la dépendance aux énergies fossiles, ce qui permet de réduire les émissions de GES à la source. Cependant, ces projets peuvent également présenter des défis en matière de mise en œuvre et de vérification. Il est important de s’assurer qu’ils sont bien conçus, qu’ils répondent aux normes internationales et qu’ils sont vérifiés par des tiers indépendants afin de garantir leur crédibilité et leur efficacité. C’est pourquoi il est important de choisir des projets certifiés.

Les projets de compensation par les arbres certifiés GS ou VCS

Bien que la plantation d’arbres soit souvent considérée comme une solution attrayante pour compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES), elle est également critiquée pour plusieurs raisons. Premièrement, une critique fréquemment associée à la plantation d’arbres pour compenser les émissions de carbone est que les arbres prennent du temps à pousser et à absorber le carbone. Deuxièmement, la plantation d’arbres ne résout pas les problèmes structurels de la dépendance aux énergies fossiles et de l’utilisation des ressources naturelles non durables qui ont conduit à la crise climatique. Troisièmement, la plantation d’arbres pourrait ne pas être une solution durable, car les arbres peuvent être vulnérables aux maladies, aux changements climatiques, aux incendies de forêt et aux coupes illégales. Cela signifie que la capacité des arbres à stocker le carbone peut être réduite, voire annulée, à tout moment.

En outre, la plantation d’arbres peut avoir des impacts négatifs sur les écosystèmes locaux, tels que la modification des habitats naturels et la perte de la biodiversité par la nécessité d’introduire des pesticides ou des engrais. Les plantations d’arbres peuvent également avoir des effets sociaux négatifs, tels que l’accaparement de terres, la réduction des terres disponibles pour l’agriculture locale, et la violation des droits des communautés autochtones et locales. Il est donc important de prendre en compte ces limites et critiques dans l’évaluation de la pertinence de la plantation d’arbres.

Quelle est la meilleure façon de compenser ses émissions de GES?

À proprement dit, il n’y a pas de façon plus adéquate, mais il y a des méthodes plus souhaitables dont l’utilisation des crédits ex post pour compenser ses émissions de GES et la réservation de crédits ex ante lorsqu’on souhaite soutenir des projets climatiques au-delà de ce qui est nécessaire pour assurer sa carboneutralité. Les crédits ex ante peuvent jouer un rôle complémentaire. Comme gestionnaire, il est alors essentiel de s’assurer que les projets respectent les normes de qualité et de vérification, et d’adopter une approche prudente pour gérer les incertitudes et les risques associés aux crédits ex ante. Par ailleurs, il n’est pas recommandé de lancer ses propres « crédits carbone » basés sur des méthodologies maison puisqu’ils ne rencontreront pas les critères de qualité et de crédibilité pour obtenir des certifications reconnues internationalement. En somme, ces projets sont intéressants lorsqu’on souhaite faire de la compensation carbone « symbolique », mais ils posent problème lorsqu’on doit démontrer la crédibilité scientifique de sa compensation.

Texte par pollinisateur : Marc Paquin de Planetair/UNISFERA préparé avec l’aide de Chat GPT

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Sources et ressources :

Voici quelques sources en ligne fiables pour en savoir plus sur les crédits carbone, la compensation carbone et les questions connexes :

Planetair : Une organisation à but non lucratif qui accompagne les individus, organisations et entreprises qui souhaitent gérer activement leurs gaz à effet de serre. Leur site web fournit des conseils sur la gestion des GES (quantification, réduction et compensation). Le site met aussi à la disposition des internautes des calculateurs pour leur permettre de quantifier leurs GES et ensuite les compenser avec des crédits Gold Standard et par un appui à des projets climatiques québécois et canadiens.

Gold Standard : Une organisation de certification qui établit des normes rigoureuses pour les projets de compensation carbone. Leur site web fournit des informations sur leurs normes, leurs projets et des ressources pour mieux comprendre la compensation carbone.

Verified Carbon Standard (VCS) : Verra est une organisation qui gère le Verified Carbon Standard (VCS), l’une des normes les plus largement utilisées pour les crédits carbone. Leur site web propose des informations sur les méthodologies, les projets et les actualités liées à la compensation carbone.

Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) : L’IPCC est l’organisation scientifique internationale responsable de l’évaluation des informations scientifiques, techniques et socio-économiques liées au changement climatique. Le site web de l’IPCC offre des rapports, des synthèses et des ressources pour comprendre les impacts du changement climatique et les actions nécessaires pour y faire face.

« Compensation carbone » sur Wikipedia

Ces sources fournissent des informations et des ressources précieuses pour mieux comprendre les crédits carbone, les projets de compensation carbone et les enjeux associés à la compensation des émissions de GES.

Lire aussi :

Carboneutralité, compensation carbone et pâtes carbonara ?

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