17 mai 2023

Acceptabilité sociale : mettre l’accent sur les besoins des communautés pour des projets durables et respectueux

Ce principe consiste à gagner l’assentiment de citoyens à l’égard d’un projet de développement ou d’une décision qui exerce un impact potentiel sur leur qualité de vie. L’acceptabilité sociale privilégie l’adhésion collective aux intérêts d’un petit nombre. La consultation publique, l’ouverture et la transparence dans la communication sont essentielles pour évaluer la réceptivité d’un projet.  

Et si on mettait l’accent sur les besoins des communautés d’accueil plus que sur la réceptivité d’un projet?

Définir l’acceptabilité sociale est un casse-tête, car il n’y a pas de réel consensus sur ce qu’elle est et devrait être. D’autant plus qu’elle fluctue au gré de l’évolution sociétale. Reste que pour gagner l’adhésion de la communauté, l’instigateur d’un projet doit d’abord s’interroger sur les besoins de la communauté, et proposer un produit qui y réponde et qui apporte une plus-value à la région. Comme CAMPagne au Clos Sainte-Thècle, en Mauricie, qui propose des hébergements insolites (trois dômes) et qui fait rayonner les produits et les artisans du coin, et soutient les organismes locaux. Son engagement dans la communauté de Sainte-Thècle ne consiste pas seulement à encourager les entreprises de la région, mais bien à «investir» en elles pour bâtir en synergie une économie locale stable et indépendante. 

Établir avec les parties prenantes un dialogue sincère dès les balbutiements d’un projet.

Le dialogue avec les parties prenantes d’un projet est crucial dans le processus d’acceptabilité sociale, d’autant plus crucial si ce projet menace l’intégrité d’un territoire ou la qualité de vie des citoyens. Mais attention : dialoguer, ce n’est pas juste communiquer. C’est construire, avec tous ceux qui sont concernés par un projet, un débat parfois houleux, mais toujours constructif : citoyens, municipalités, ONG et autres acteurs locaux. Selon l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), l’acceptabilité sociale ne rejoint plus seulement les sphères scientifiques et industrielles, mais aussi la population civile et les groupes de citoyens (1). Plus qu’une consultation, il faut penser le processus en tant que contribution de toutes les parties prenantes qui doit se mener en amont dans l’élaboration d’un projet. Car si son promoteur, qu’il soit public ou privé, se contente d’évoquer les retombées pour l’économie locale ou la création d’emploi, il risque de se confronter à une forte mobilisation citoyenne. Selon l’ACFAS, une nouvelle génération d’élus, notamment au niveau municipal, applique des questions d’acceptabilité sociale dans des registres comme la lutte contre les changements climatiques, la préservation de la biodiversité ou le renforcement du tissu social (2).

Facteurs clés pour favoriser l’acceptabilité sociale Source : Champ libre stratégies (3)

 

Acceptabilité sociale : les contre-exemples

 

Un projet qui n’établit pas de saines interactions avec la communauté ne peut s’implanter harmonieusement et gagner l’adhésion des citoyens. Qu’on pense à de grands projets immobiliers locatifs qui font, de certains lieux, des «villages vacances» qui ont des répercussions dommageables sur la localité : augmentation des taxes et du coût de la vie, modification du territoire, augmentation du trafic automobile, surenchère de «boutiques à touristes». En outre, certains projets d’envergure peuvent provoquer des nuisances sonores et olfactives, de la pollution, une consommation excessive d’eau et d’énergie, et un accès limité au territoire. Plus d’autos et moins de nature. Finalement, les citoyens ne reconnaissent plus leur lieu de vie.

En 2006, le gouvernement du Québec a octroyé à un promoteur privé le droit d’implanter un développement immobilier massif dans le parc national du Mont-Orford (4). Des manifestations majeures ont suivi, non seulement dans les Cantons-de-l’Est, mais aussi à Montréal contre ce projet qui menaçait l’intégrité du territoire et l’accès des Québécois à ce bien public. Résultat : socialement inacceptable, le projet a été abandonné à la suite de cette mobilisation majeure.

Trois mots pour définir des projets touristiques en conformité avec les besoins : local, durable, respectueux.

Pour savoir si son projet est socialement acceptable, le promoteur d’une entreprise doit s’interroger pour savoir si cette entreprise répond aux besoins de la communauté et si elle les respecte.

L’Auberge internationale de Rivière-du-Loup, par exemple, défend une approche de tourisme respectueux du milieu visité et veut participer à créer des liens harmonieux entre touristes et citoyens locaux. Pour ce faire, elle met en place plusieurs stratégies :

-L’approvisionnement durable.

-Le soutien aux initiatives locales (festivals, évènements culturels) avec des chambres gratuites pour les invités.

-Une bourse de «développement durable» à l’attention de jeunes qui réalisent des projets responsables et durables.

-Le réinvestissement d’une partie des revenus dans des initiatives de développement durable.

Ces entreprises attentives à leur empreinte sur le milieu de vie de citoyens peuvent aussi inclure un volet social et communautaire en reversant une partie de leurs bénéfices dans des organismes qui viennent en aide à des personnes en difficulté. Comme le fait Chalets Lanaudière, un OBNL dont une partie des bénéfices permet d’envoyer des jeunes défavorisés au Camp Mariste.

Une illustration que l’acceptabilité sociale contribue à bâtir une société démocratique qui mise sur la collaboration et la concertation.

Envie de rejoindre le mouvement Tourisme durable Québec?  C’est par ici pour connaître les avantages et par ici pour l’adhésion.

Pour aller plus loin:

Guide de bonnes pratiques afin de favoriser l’acceptabilité sociale des projet, guide

Acceptabilité sociale : sans oui, c’est non!, balado

Source:

(1) Acceptabilité sociale et controverses : repenser la participation citoyenne au débat public, Université de Sherbrooke (2020)

(2) Acceptabilité sociale: réfléchir avec les parties prenantes et les communautés, Le Quotidien (2023)

(3) Facteurs clés pour favoriser l’acceptabilité sociale, Champ libre stratégies (2023)

(4) Le 6 mars 2006 commençait la bataille pour le parc du mont Orford, Radio-Canada (2021)

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