23 février 2022

Apprenez à connaître vos déchets!

Photo de mali maeder provenant de Pexels

Gestionnaires touristiques, passionnés d’aventure et de beauté, je doute que vous ne rêviez de connaître de près vos poubelles. Pourtant, la gestion des matières résiduelles (GMR) est un des enjeux prioritaires en tourisme (voir autre article). Puisqu’on ne peut pas gérer ce qu’on ne connaît pas et ce qu’on ne mesure pas, toute démarche sérieuse de développement durable ne peut y échapper.

 

1 – Ce que vous devez savoir

 
 

1.1- La  GMR, c’est bon pour les affaires!

 

Vous vous demandez peut-être ce que peut vous apporter une meilleure connaissance de vos matières résiduelles, au-delà de l’amélioration de votre performance environnementale. En bref, cela permet de faire émerger les possibilités. Par exemple:

 

  • Parmi vos déchets se trouvent des ressources gaspillées : denrées alimentaires périmées, produits d’hygiène à moitié utilisés, etc. Adresser cette problématique peut mener à économiser sur vos coûts d’approvisionnement ou encore trouver des débouchés pour certaines matières dans une logique d’économie circulaire (nouveaux revenus).

     

  • Diminuer les volumes de matières peut vous faire économiser sur les coûts de collecte, par exemple en réduisant la taille des conteneurs ou la fréquence de collecte.

     

  • Adopter un plan de GMR est généralement une obligation pour obtenir une certification environnementale.

     

  • Renforcer votre présence communautaire en aidant des organismes de bienfaisance

     

 

1.2- Les questions à se poser

 

Disons que vous êtes maintenant convaincus que gérer vos matières résiduelles était bon pour les affaires. Pour trouver des pistes d’amélioration pertinentes (c’est le sujet d’un autre article à venir), il faut recueillir un certain nombre d’informations. Voici des exemples de questions à se poser pour commencer.

  • Quelles voies de collecte sont disponibles et à quel(s) endroit(s) (contenants consignés, recyclage, compostage, déchets, etc.)?

     

  • Quels lieux ou quelles activités génèrent le plus de matières?

     

  • Quelles matières sont présentes en grande quantité?

     

  • Peut-on réduire ces matières à la source? Peut-on les réemployer?

     

  • Y-a-t-il des matières qui sont envoyées à l’enfouissement qui pourraient être recyclées / compostées?

     

  • Quelles matières sont les plus souvent disposées dans la mauvaise voie de collecte?

     

  • Qui doit-on former ou sensibiliser : les employés, les clients, les fournisseurs, etc. ?

 

Pas de panique, on y va une chose à la fois et tout ira bien!

 

 

1.3- Les matières acceptées par votre municipalité

 

Voici une première recommandation concrète! Pour répondre à certaines des questions posées plus haut et pour commencer à développer des stratégies efficaces, vous devez connaître les matières acceptées au recyclage et au compostage sur votre territoire, puisque celles-ci varient en fonction des installations propres au centre de tri. La première chose à faire est de vous informer auprès de votre municipalité, qui pourra vous fournir les informations et des ressources auxquelles vous pourriez avoir droit. L’application « Ça va où ?», conçue par RECYC-QUÉBEC, permet aussi d’avoir des réponses géolocalisées. Vous la retrouverez sur Apple ou Android, mais elle est aussi disponible directement en ligne.

 

 

 

2- Faire un premier pas

 
 

Les matières problématiques évidentes

 

Gageons que vous savez déjà par quoi commencer! Par expérience, vous connaissez certainement plusieurs items problématiques, que ce soit les bouteilles de shampoing individuelles dans les chambres, les ustensiles à usage unique, etc. Mettre des chiffres sur cette intuition vous permettrait de connaître l’ampleur du problème et d’en parler de façon plus convaincante. Pour ce faire, examinez les factures d’achat de ces items. Par exemple, l’Hôtel InterContinental de Montréal a pu calculer à partir du nombre d’unités par caisse achetée, la quantité de bouteilles individuelles d’amenities jetées annuellement. Jumelées à l’argument écologique, les économies potentielles ont permis de convaincre le groupe hôtelier de passer aux distributeurs en vrac prochainement. 

Lors de l’ouverture des villages de pêche blanche opérés par Contact Nature à La Baie, les emballages pour emporter des restaurants des alentours pèsent lourd dans la balance. L’équipe de Contact Nature leur offre des conseils pour les aider à choisir de meilleurs fournisseurs et produits de remplacement.

 

Photo de Markus Spiske provenant de Pexels

 

3- Pour aller plus loin

 

Vous êtes prêts à passer aux choses sérieuses? Vous voulez aller au-delà de l’intuition? Voici deux pistes d’action.

 

 

3.1- Faire une caractérisation

 

L’exercice de caractérisation s’impose pour ceux qui sont à la recherche d’informations fiables et précises. En effet, cet exercice permet de répondre à la question, «Mais qu’est-ce qui se trouve exactement dans mes bacs?». L’objectif est d’obtenir un portrait quantitatif et qualitatif des matières résiduelles générées, récupérées et jetées par catégories de matières. Les résultats sont parfois surprenants!

 

Ainsi, lors de ses événements, l’escouade verte d’Événements LD pèse et décortique les quantité de matières consignées, le recyclage, le compostage, les matières dangereuses et les matières ultimes. Les données servent à établir un plan d’action pour améliorer la performance d’une prochaine édition de l’événement.

 

Pour tout savoir à ce sujet, consultez le guide de caractérisation du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI).

 

 

Photo: Un exercice de caractérisation

Bon à savoir, certaines municipalités ou MRC offrent le service (même gratuitement dans certains cas!) aux entreprises sur leur territoire à travers des organismes tels que Synergie Économique Laurentides. Dans ce cas, faire appel à des pros peut s’avérer un excellent point de départ et permet d’obtenir également des recommandations. 

Installer des poubelles intelligentes

 

Technophiles, connaissez-vous les poubelles dotées de l’intelligence artificielle? Un investissement qui peut s’avérer rentable dans votre cuisine. Notre membre, Hôtel InterContinental de Montréal, prévoit justement s’équiper de poubelles intelligentes qui effectuent la caractérisation. Cela permettra d’identifier les denrées qui sont le plus jetées et de trouver des solutions en amont pour éviter le gaspillage et économiser. 

 

 

3.2- Mesurer votre performance

 

On l’a dit en introduction, et on va le répéter dans cette dernière section de l’article: on ne peut pas gérer ce qu’on ne mesure pas. Toute démarche sérieuse de développement durable ne peut y échapper. Cela demande quelques efforts, mais permet en retour de:

 

  • quantifier l’empreinte environnementale de l’organisation et suivre son évolution
  • vérifier l’efficacité de stratégies spécifiques mises en place 
  • maintenir la motivation des personnes impliquées dans les efforts de réduction
  • communiquer avec rigueur la performance environnementale aux parties prenantes. 
 
 

Comment vous y prendre? 

 

Vous devrez d’abord déterminer les indicateurs de performance à utiliser. Les plus répandus sont le poids et le volume de matières même s’ils ne racontent qu’une partie de l’histoire. Les indicateurs de niveau plus avancé incluent le taux de détournement (ou taux de réacheminement / de mise en valeur), le taux de capture et le taux de contamination. 

Ensuite, vous devrez mettre sur pied un processus de collecte de données pour mesurer ces indicateurs: quelles informations doivent être colligées, à quelle fréquence, qui en est responsable, etc. Ces informations devraient être synthétisées et présentées dans un format qui facilite la prise de décisions. 

 

C’est justement ce que fait Contact Nature, qui gère un camping, un centre de plein air et diverses installations. Les employés chargés de vider les poubelles, bacs de recyclage et de compost doivent estimer les volumes de matières collectées et enregistrer les données. La responsable du développement durable compile ces données dans Excel et obtient des graphiques, pictogrammes et tableaux spécifiques à chaque secteur d’activités. Elle peut comparer les indicateurs de performance obtenus avec les objectifs établis.

 

 

Suggestion d’outil:

 

RECYC-QUÉBEC met à disposition des commerces et institutions les outils d’estimation des matières résiduelles téléchargeables en cliquant ici: 

 

Matières résiduelles (recyclage et matières organiques)
Déchets

 

Texte par Caroline Asselin

Sources: 

Nouveau guide de caractérisation de matières résiduelles – CTTÉI 

Synergie Économique Laurentides, site web et entrevue avec Élise Larose Simard

RECYC-QUÉBEC

Application : Ça va où?

Lire les autres textes de la thématique:

La (bonne) gestion des matières résiduelles, pourquoi c’est important?

À venir: Comment améliorer la gestion de ses déchets

Consulter le dossier complet sur la GMR

Visionnement

Visionner l’enregistrement du Café Jasette du 23 février 2022 lié à la thématique de la gestion de matières résiduelles: Écoresto : une recette gagnante, vers une solution zéro déchet:

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