Bien campée au cœur d’une ancienne vallée glaciaire, sur un territoire naturel d’exception, la Vallée Bras-du-Nord a tout pour plaire aux adeptes de plein air. En plus de rayonner comme destination incontournable sur la scène du tourisme d’aventure au Québec, la coopérative de solidarité se démarque depuis des années par son approche de développement en tourisme durable.
Petite mise en contexte
L’histoire de la Vallée Bras-du-Nord débute sur un territoire naturel, certes, mais aussi un territoire habité par plusieurs acteurs qui y pratiquent diverses activités : agriculture, exploitation des ressources naturelles, chasse, pêche et tourisme.
À partir des années 70, les activités de villégiature se développent autour de la rivière Bras-du-Nord. Notamment, c’est à cette époque que débutent les descentes récréatives de la rivière en canot.
Or, aucune organisation n’était présente à ce moment pour assurer un développement encadré et sécuritaire de ces activités. Cela a donné lieu, entre autres, à des conflits d’usages sur les terres publiques et privées (voir Conflit d’usage dans le lexique TDQ), ainsi qu’à des accidents.
Face à ce constat, plusieurs parties prenantes de la communauté de Saint-Raymond (ville, corporation de développement, etc.) se sont mobilisées pour mettre sur pied une initiative visant à structurer le fort potentiel récréotouristique. Rapidement, le modèle coopératif a été ciblé comme étant le meilleur véhicule pour rassembler tous ces intérêts différents autour d’une vision commune : le développement harmonieux et durable du territoire. C’est donc en 2002 que ce rêve s’est concrétisé avec la fondation officielle de la coopérative de solidarité.
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Vallée Bras-du-Nord. Crédit- Amy Gagnon.
L’implication sociale comme responsabilité d’entreprise
Lorsqu’on lui demande pourquoi la coopérative met l’implication sociale au cœur de ses pratiques, Étienne Beaumont, directeur adjoint et coordonnateur du projet En marche, voit les choses de manière globale : « Nous sommes une partie prenante du territoire habité. D’entrée de jeu, cela signifie qu’il est de notre responsabilité d’être un citoyen exemplaire. »
À ce titre, la Vallée Bras-du-Nord s’implique de différentes manières dans sa communauté. Entre autres, les occasions de bénévolat, par exemple lors de corvées collectives, permettent à la population locale de participer activement à l’amélioration des infrastructures, renforçant le sentiment d’appartenance de la collectivité.
En outre, dans une optique de responsabilité sociale et environnementale, la coopérative verse 1 % de ses ventes au Fonds plein air 1 % pour la planète, via Aventure Écotourisme Québec (1), qui soutient des projets structurants de protection de la nature au Québec.
Et cette implication ne s’arrête pas là!
Participer au changement social par la nature et l’aventure
Depuis sa création, la coopérative entretient une mission sociale forte auprès de la jeunesse. Le projet de réinsertion socioprofessionnelle En marche accompagne des jeunes éloignés du marché de l’emploi en leur offrant une expérience formatrice sur le terrain. Pendant six mois, ces jeunes travaillent à l’aménagement et à l’entretien des sentiers de manière accompagnée. Ce parcours permet à la fois de développer des compétences techniques et sociales, de renforcer leur confiance en soi et de surmonter des défis personnels pour développer leur plein potentiel.
Les résultats parlent d’eux-mêmes : environ 75 % des jeunes réussissent un retour aux études ou une réinsertion en emploi durable, ce qui améliore considérablement leur qualité de vie. À ce jour, près de 400 jeunes ont bénéficié de cet accompagnement, laissant derrière eux des histoires de persévérance et de transformation qui donnent tout son sens à l’initiative.
Forte de cette expérience, la Vallée Bras-du-Nord a élargi son action pour toucher encore plus de jeunes et démocratiser l’accès au plein air. C’est le cas grâce à un programme de plein air destiné aux élèves de l’école secondaire locale qui vise à favoriser la réappropriation du territoire ainsi qu’à promouvoir les saines habitudes de vie et l’environnement.
À l’écoute des préoccupations
La coopérative ne se considère pas comme une simple entreprise d’exploitation touristique, mais bien comme un acteur de développement durable, enraciné dans son territoire. En mettant ainsi la communauté au cœur de ses actions, la coopérativre de solidarité aspire à répondre aux préoccupations économiques, sociales et environnementales.
Avec des ressources dédiées spécifiquement à la communauté et au territoire, la coopérative adopte une approche proactive, privilégiant l’écoute et la concertation. Cette démarche est non seulement appréciée par les parties prenantes, mais elle renforce aussi le lien entre l’organisation et son milieu.
La coopérative joue également un rôle clé dans l’attractivité et la qualité de vie de Saint-Raymond. Par exemple, l’accès gratuit au secteur de vélo de montagne est offert aux résidentes et aux résidents, ce qui contribue à rendre le plein air accessible à tous (plein air de proximité). Au-delà du sport et du plein air, la Vallée Bras-du-Nord dynamise un secteur d’activité et un territoire, ce qui crée un climat propice aux investissements et à la mise en place de divers projets et initiatives au sein de la communauté.
Un milieu de travail riche de sens
En mettant l’implication sociale au cœur de ses pratiques, l’organisattion instaure des conditions gagnantes pour créer un milieu de travail riche de sens et favoriser la rétention de sa main-d’œuvre.
« L’implantation du modèle coopératif, encore parfois méconnu, implique un important travail d’éducation interne. Cela demande un engagement important, c’est pourquoi chaque membre de l’équipe doit pleinement comprendre ce mode de gestion unique et avoir envie de participer au changement. », explique M. Beaumont.
Un petit conseil pour la route!
Lorsqu’on lui demande un petit conseil pour les organisations touristiques en quête d’idées pour renforcer leur implication dans la communauté, le directeur adjoint souligne deux principes clés à garder en tête.
D’abord, dans un secteur touristique en pleine transformation, il est essentiel de dépasser les simples objectifs économiques pour assumer pleinement son rôle dans le mieux-vivre collectif (voir aussi Responsabilité sociale des entreprises dans le lexique TDQ).
Puis, il rappelle que sur un territoire de l’ampleur de la Vallée Bras-du-Nord, les enjeux et les défis sont nombreux : gestion des coupes forestières, conservation du paysage, adaptation aux réglementations municipales, pression du développement et impacts liés à l’afflux touristique… Chaque projet a des répercussions, ne serait-ce que par l’augmentation de la circulation dans le secteur en raison de l’afflux de touristes.
C’est pourquoi un exercice rigoureux de concertation et de communication devient primordial pour assurer l’harmonisation des usages et un développement responsable du territoire. Ces discussions, qui impliquent une multitude de parties prenantes, sont parfois complexes, mais elles permettent d’assurer une meilleure acceptabilité sociale des projets.
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Sources et ressources:
Pour aller plus loin :
- La dimension sociale du tourisme durable (ISTO)
- Qui sont vos parties prenantes?
- Acceptabilité sociale : mettre l’accent sur les besoins des communautés pour des projets durables et respectueux
Découvrez les autres textes Bonnes pratiques de nos membres :
Bonnes pratiques – Tourisme durable Québec
Cet article a été produit avec la participation financière du gouvernement du Québec.
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