18 avril 2023

Mobilité active et tourisme durable : enjeux et solutions

Stationnement pour vélo extérieur

C’est quoi exactement ?

La mobilité active est une partie intégrante de la mobilité durable. Selon la définition du lexique du tourisme durable, la mobilité active « désigne le fait de se déplacer d’un point à un autre en étant physiquement en mouvement et en utilisant sa propre énergie ».

Les modes de déplacement concernés par la mobilité active sont :

  • La marche
  • Le vélo
  • Le déplacement aidé pour les personnes avec une limitation fonctionnelle (aide à la mobilité pouvant être une canne, un fauteuil roulant, un scooter électrique, etc.)
  • Le skateboard / longboard
  • Les trottinettes
  • Le vélo à assistance électrique
  • Les patins à roues alignées

Ainsi la mobilité active inclut certains modes de déplacement de micromobilité qui font également appel  à une mise en mouvement de l’utilisateur ou l’utilisatrice. La micromobilité est définie par l’utilisation individuelle d’un engin léger pour accompagner le déplacement actif de la personne.

Pourquoi est-ce important ?

La mobilité active est devenue incontournable comme solution pouvant pallier certains impacts négatifs du tourisme sur les communautés locales. Voici cinq enjeux du secteur du tourisme qui justifient la mise en place d’accès et d’infrastructures facilitant les modes de déplacement actifs.

  1. Afflux saisonnier

Les flux véhiculaires générés par l’afflux saisonnier ou ponctuel de touristes, lors de périodes de vacances, de jours fériés ou de grands événements, ont des impacts significatifs sur les communautés locales : congestion routière, temps d’attente pour accéder à certaines destinations, pollution de l’air et émission de gaz à effet de serre, mais également impact sur la sécurité routière des usagers vulnérables, particulièrement autour des écoles et résidences pour aînés et aînées. Ces impacts tendent à ternir les bénéfices positifs du tourisme pour l’économie locale, en témoignent ces exemples de perception ressentie par la population de certaines communautés : la congestion routière dans le Vieux-Montréal en période estivale ‘irrite les résidents’(1) ou encore l’accès à la Vallée Bras-du-Nord dans la MRC de Portneuf sur lequel la municipalité et les partenaires se penchent pour gérer l’afflux saisonnier (2).

  1. Manque d’espace

Pour plusieurs territoires au Québec, l’afflux de visiteurs dans une période touristique contribue à un enjeu d’espace pour accueillir ces visiteurs. En termes de mobilité, cet enjeu s’exprime tout particulièrement par la présence limitée de stationnement ou de place sur le réseau routier pour accommoder tous les déplacements touristiques. Afin de limiter la construction de nouveaux stationnements ou de capacité routière pour une période ponctuelle et saisonnière, la mobilité active est une alternative à privilégier à destination.

  1. Distance entre les parcours touristiques et les destinations

La distance de certains parcours touristiques et certaines destinations sur le territoire québécois est un enjeu récurrent dans le développement d’alternatives de mobilité durable pour réduire l’émission de GES générés par ces parcours. Le manque de connexions directes, fréquentes et rapides en train est souvent discuté. Le levier d’action des associations touristiques, des MRC et des villes est plus important à destination, pour permettre le déplacement du dernier kilomètre illustré sur le schéma ci-dessous préparé par Julien de Labaca (4).

Déplacement du dernier kilomètre

Le facilitateur de Mobilité, Julien de Labaca (5)

  1. Déplacements véhiculaires du dernier kilomètre

En effet, à destination touristique, la meilleure alternative aux déplacements véhiculaires du dernier kilomètre est en mobilité active. Des déplacements de courte distance sont plus accessibles à pied, ou alternativement à vélo. La mise en place de parcours directs et sécuritaires et la contrainte quant à l’accès véhiculaire (places et coût du stationnement, horaires d’accès, etc.) permettent de rendre ces déplacements plus attractifs.

  1. Gouvernance et coût de la mobilité active

Les mesures de mobilité active peuvent apparaître comme complexes à implémenter, en raison du coût des infrastructures et de l’implication de plusieurs autorités dont les municipalités et les opérateurs de transport. Mais il est envisageable pour les attraits et événements touristiques de proposer la mobilité active comme une expérience à part entière sur leur site, pouvant générer des revenus additionnels. Si la pratique du vélo de route ou de montagne fait partie des expériences de voyage recherchées au Québec  (6), l’utilisation d’itinéraires à pied ou à vélo pour découvrir un lieu, un parc ou même une activation de contenu sur la culture et l’histoire permet de renouveler les expériences uniques offertes aux visiteurs. La mise en œuvre d’initiatives au sein d’un site peut également encourager les changements de pratique à l’extérieur, sur le domaine municipal.

Les solutions 

Alors, que faire et quelles pistes d’amélioration pour la mobilité active ? Voici quelques solutions et exemples inspirants selon votre secteur d’activité dans le tourisme :

Si vous êtes un restaurant, un hébergement ou une institution d’enseignement :

  • Proposer des stationnements vélo de qualité, en incluant à la fois des places courtes durées accessibles en tout temps par les visiteurs ponctuels et des places longue durée pour les touristes ou usagers avec un séjour plus long. Un espace permettant de couvrir et sécuriser ces places est recommandé.

Exemple : la boîte à outils de Vélo Québec propose les bonnes pratiques en termes de nombre, de localisation et de type de stationnement vélo pour différents types de lieux (7)

    1.  
Stationnement pour vélo extérieur

Stationnement pour vélo extérieur Source: Sandra Larochelle

  • Communiquer sur les manières de se rendre à votre établissement à pied ou à vélo en premier lieu, avant d’indiquer les accès véhiculaires afin d’encourager la lecture du visiteur dans ce sens.

Si vous êtes une destination, un attrait touristique ou une agence de voyage :

  • Améliorer les connexions vers les accès au cyclotourisme, comme la Route Verte (8), et les parcours de randonnée et de trail, en proposant les trajets les plus directs, sécurisés par rapport à la circulation routière, sur des routes plus calmes avec des vitesses de circulation réduites en-dessous de 40km/h

Afin de sécuriser l’accès à vélo de ses visiteurs lors de son édition 2022, le festival Cigale organisé sur le site de la Baie de Beauport à Québec a permis la fermeture d’une voie de circulation sur le boulevard Henri Bourassa (9)

  • Créer une expérience touristique ou un parcours entièrement à pied ou à vélo est également un incitatif intéressant pour encourager les visiteurs à laisser leur voiture de côté, pendant leur visite. Ces parcours doivent être conçus depuis des points d’arrivée cohérents facilitant l’expérience du visiteur : une gare de train ou de transport en commun, un stationnement incitatif, etc.

Ainsi les parcours épicuriens sont organisés dans plusieurs quartiers de la ville de Québec, et proposent un parcours à pied entre plusieurs restaurants et destinations gastronomiques (10)

Parcours épicuriens

Parcours épicuriens
Source: Monquartier

  • Utiliser les innovations technologiques qui sont à disposition pour faciliter le déplacement en mobilité active : ceci peut prendre la forme d’un parcours guidé par une application, mais également le déploiement d’options de micromobilité accessibles aux visiteurs ponctuels comme des vélos en location ou en libre-service, des trottinettes ou vélos électriques, etc.

Le parcours Cité Mémoire dans le Vieux-Montréal est conçu à partir d’une application mobile téléchargeable accompagnée de réalité augmentée pour accompagner le visiteur dans sa visite à pied (11)

  • Communiquer sur les options alternatives et mettre en place une signalétique dédiée pour les piétons et les vélos, localisées aux points de décision de leurs parcours (traverse piétonne, gare ou station, arrêt d’autobus, arrêt de bus touristique, etc.).

La ville de Toronto a récemment lancé un projet pilote de signalétique piétonne et cyclable dans les parcs et sentiers de randonnée à pied ou à vélo. Sous forme de poteau identifiable, la signalétique indique les temps de déplacement à pied et à vélo et une carte montrant les destinations à proximité pour faciliter l’orientation des visiteurs.

Projet pilote de signalétique piétonne et cyclable, Ville de Toronto

Projet pilote de signalétique piétonne et cyclable, Ville de Toronto
Source: City of Toronto

  • Favoriser la mobilité intermodale et la possibilité de passer d’un mode de déplacement durable comme le train et le transport en commun (métro, tramway, bus) à un mode actif.

La gare Exo de Saint-Jérôme, point de départ du Petit Train du Nord, itinéraire cyclable traversant les Laurentides, dispose de plusieurs stationnements vélo extérieurs et d’une connexion cyclable directe à travers la ville vers l’entrée du réseau de cyclotourisme.

  • Permettre une mobilité active 4 saisons et l’utilisation de modes variés comme le vélo d’hiver, le fatbike et le ski de fond.

Depuis 2019, les skis de fond peuvent être transportés dans les bus et métros de la STM, ce qui donne accès aux activités hivernales actives, tout en permettant l’intermodalité avec le transport collectif (12)

Ski de fonds dans les bus de la STM

Ski de fonds dans les bus de la STM Source: STM

  • Certains hébergements ou festivals et événements mettent en place des tarifs réduits pour les visiteurs arrivant à pied ou à vélo sur leur site.

Dans le cadre de sa certification Vélo Sympathique, la SÉPAQ met à disposition des voyageurs à vélo des emplacements ‘Bienvenue Cyclistes’ réservés et à prix réduit (13)

  • L’optimisation du stationnement véhiculaire à destination peut encourager l’adoption de modes de déplacement actifs ou d’une combinaison mode collectif + mode actif, soit en mutualisant le stationnement entre plusieurs destinations pour proposer un stationnement répondant juste à la demande nécessaire, soit en tarifant le stationnement pour encourager les modes alternatifs.

Chaque attrait touristique, festival ou événement peut agir pour encourager la mobilité active de ses visiteurs, et ce à toute saison. N’hésitez pas à vous informer sur les initiatives présentées et à tester la mise en place de ces pratiques. Le changement de pratique mène au changement de comportement !

Texte par pollinisatrice Amélie Cossé, Momentum Transport Montréal

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Pour aller plus loin :

Balado

Et si on se déplaçait autrement

Aménager nos villes pour favoriser le transport actif

Lire aussi :

Mobilité durable : solutions de transport collectif et partagé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

L’approvisionnement responsable en tourisme : enjeux et pratiques pour une consommation écoresponsable

Des aménagements extérieurs durables et vivants pour un environnement sain

Sources :

(1) Le Vieux-Montréal, étouffé par la congestion routière, La Presse (2022) 

(2) Quand le plein-air crée de la congestion routière : le cas de St-Raymond, Radio-Canada (2019)

(3) Découvrir l’approche vision zéro en sécurité routière, Piétons Québec (2023)

(4) (5) http://www.juliendelabaca.com/

(6) Route Verte (2023)

(7) Aménager un stationnement pour vélos, Vélo sympathique (2023)

(8) Route Verte (2023)

(9)Infos utiles, Cigale (2023)

(10)  Événements épicuriens publics, Parcours épicuriens (2023)

(11) Cité mémoire : Les coulisses d’une grande production montréalaise à découvrir par le biais d’une réalité virtuelle, Montréal en histoires 

(12) 10 destinations de ski de fond à Montréal et dans sa région, Espace (2022)

(13) Bienvenue cyclistes  !, Sépaq (2023)

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