27 mars 2024

Comment intégrer la lutte aux changements climatiques dans ses pratiques d’entreprise?

Loupe

Plusieurs indicateurs sont scrutés à la loupe chaque année pour surveiller la santé d’une entreprise : revenus, dépenses, profits, nombre de contrats, taux de roulement, formation, santé et sécurité, et bien plus! Toutefois, encore peu d’organismes surveillent les aspects environnementaux, comme les émissions de gaz à effet de serre (GES), la gestion des matières résiduelles (GMR) et l’émission de polluants atmosphériques et aquatiques.

Depuis plusieurs années, le bilan carbone gagne en popularité auprès des entreprises de toutes tailles : pourquoi?

Bilan carbone : une introduction

Un bilan carbone, ou un inventaire GES, est une étude qui permet de mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’un organisme, pour une année. Cette étude peut être réalisée par un expert indépendant, ou à l’interne, si l’entreprise dispose des ressources humaines nécessaires. Premièrement, il faut identifier les principales émissions de gaz à effet de serre de l’organisme.

Il existe 3 catégories d’émissions :

  • La portée 1 (scope 1) : les émissions directes sont associées aux activités courantes de l’entreprise, telles que des déplacements en voiture ou camion ainsi que le chauffage et la climatisation du bâtiment.
  • La portée 2 (scope 2) : les émissions indirectes liées à l’énergie (scope 2) sont associées à la consommation d’électricité. En effet, puisque le fournisseur d’électricité émet des GES lors de la production de l’électricité, il est important d’attribuer ces émissions à la consommation des bâtiments de l’organisme desservi par le réseau.
  • La portée 3 (scope 3) : les autres émissions indirectes sont très variées selon le type d’entreprise et correspondent à toutes les émissions de GES qui ne sont pas contrôlées par celle-ci. Par exemple, elles peuvent couvrir les voyages d’affaires, les déplacements des employés entre leur domicile et le travail, le déplacement des clients, la gestion des matières résiduelles, l’empreinte numérique, les achats et l’approvisionnement, etc. (Voir aussi empreinte écologique, numérique responsable, achat local et approvisionnement responsable)

Une fois que l’on décide de l’étendue du bilan carbone, nous devons collecter les données nécessaires, telles que les factures de consommation d’énergie, les registres de déplacements et des dépenses courantes.

Il est ensuite possible de convertir les consommations (ex. : litres) en émissions de gaz à effet de serre (GES) avec des facteurs d’émissions, qui sont recensés dans des normes et standards internationaux. En répétant l’opération pour chaque source d’émissions, il est ainsi possible de dresser le portrait complet des émissions de l’entreprise, en tonnes de dioxyde de carbone (CO2), soit le bilan carbone!

Pourquoi faire un bilan carbone?

Une fois que le bilan carbone de l’entreprise est connu, que doit-on en faire? C’est bien beau de savoir combien de GES notre organisation émet, mais quelle est l’utilité?

Le bilan est notre point de départ afin de découvrir les opportunités qui se présentent à nous pour réduire nos émissions. En effet, dans le contexte de la lutte aux changements climatiques, la réduction à la source est primordiale pour toute la société civile! Il sera donc possible de fixer des cibles de réductions et de mettre sur pied un plan d’action pour atteindre ses ambitions.

Mais pourquoi réduire ses émissions de GES?

1-Faire des économies

Il s’agit d’un moyen de bien contrôler et réduire ses dépenses énergétiques. Moins on dépense en carburant, moins on émet de GES!

2-Respecter la réglementation

C’est une manière de prévenir les durcissements réglementaires à venir en matière d’environnement. Par exemple, l’interdiction de vente de voitures à essence, des critères plus sévères sur l’efficacité énergétique des bâtiments, de nouvelles taxes, etc. C’est bien connu, la lutte aux changements climatiques est une préoccupation grandissante qui va affecter toutes les entreprises et institutions dans les prochaines années. (Voir aussi écoconditionnalité)

3-Rester dans la « game »

Troisièmement, c’est un excellent moyen de se démarquer de la compétition. En effet, la clientèle est de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux. En prônant des pratiques écoresponsables qui réduisent votre empreinte carbone, vous avez un argument de plus!

4-Être un employeur de choix

Finalement, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’engagement environnemental des entreprises est un critère d’importance lors du recrutement. En effet, selon le Baromètre de l’Action Climatique 2022, près de 50% des Québécois estiment que l’engagement d’une organisation a une influence modérée à élevée lors de l’embauche ( 1).

Baromètre de l'action climatique

 

Baromètre
Source: Baromètre de l'action climatique 2022

La question qui tue : par où commencer?

C’est en effet la question la plus fréquemment posée lorsqu’on parle de gestion des émissions de GES puisque cela peut être un défi assez complexe pour votre entreprise. Il est important de souligner que cette gestion ne doit pas être considérée comme une simple obligation soumise par la réglementation, mais plutôt comme une opportunité de réduire les coûts et d’améliorer la réputation de votre entreprise. Pour ce faire, voici ce par où vous devriez commencer :

Premièrement, mesurer le niveau de motivation de la direction et des employés face à la gestion des gaz à effet de serre: pour quelles raisons désirez-vous faire mieux? Est-ce que tout le monde a la même vision au sein de l’entreprise? Qui sont vos leaders internes qui ont de l’influence sur l’équipe? Ces questions vous démontreront si les membres de votre équipe sont sensibles aux enjeux environnementaux et vous permettront de découvrir lesquels pourront devenir des personnes-ressources au sein de votre entreprise pendant la gestion des projets.

Deuxièmement, identifier les enjeux résultant de votre bilan carbone qui touchent directement votre réalité. Par exemple, les dépenses de carburants pour vos véhicules, le chauffage du bâtiment ou l’approvisionnement responsable. Comment faire plus avec moins? Le cœur du projet est d’associer une réduction de GES à une action concrète, réalisable à court, moyen ou long terme.

Troisièmement, créer un plan de réduction des émissions afin de bien planifier vos projets est un essentiel. Chaque projet de réduction des GES doit être soigneusement planifié avec les principales étapes comme un échéancier et un budget. Il est important de tenir compte de la capacité des ressources humaines et financières de l’organisme pour mener à bien les projets.

Finalement, les projets peuvent enfin commencer! Il est conseillé de mobiliser votre équipe dès le début : plus les employés seront inclus, impliqués et écoutés, plus vos projets connaîtront du succès. Le recours à des firmes spécialisées est également une corde à votre arc qui saura optimiser votre temps et mener à bien les projets.

Texte par pollinisateur : Luc Baillargeon-Nadeau de LCL – Génie, environnement & développement durable

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Sources :

(1) Baromètre de l’Action Climatique 2022

Lire aussi :

La compensation carbone et les crédits carbone, ce qu’il faut savoir

Le numérique responsable, de quoi parle-t-on?


Voir aussi :

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