18 avril 2023

La réduction des déchets sous la loupe

« Le déchet qui pollue le moins est celui que l’on ne produit pas ».

Vous avez peut-être déjà entendu ou lu cette phrase, Mais, qu’est-ce qu’on veut dire par là? Et comment ça peut s’appliquer au sein d’une entreprise touristique? Petit tour d’horizon sur la réduction des déchets à la source.

Le principe des 5RVE : Refuser, Réduire, Réutiliser, Réparer, Recycler, Valoriser, Éliminer

L’acronyme 5RVE est une stratégie qui priorise les bons gestes pour limiter les impacts environnementaux de notre consommation. Bien qu’on l’associe souvent à la gestion des matières résiduelles, cette stratégie peut être appliquée à tout : les achats, les vêtements, les voyages, les loisirs…

Voici le principe :

  • On invite d’abord à refuser ce dont on a pas besoin et à réduire les quantités pour ne pas surconsommer ou gaspiller.
  • Puis, on évite d’acheter neuf en réutilisant ce que l’on a déjà et on répare ce qui peut l’être pour prolonger la durée de vie (voir obsolescence).
  • Si on doit se départir d’un objet, on le trie correctement (bac brun, recyclage, écocentre) ou on le valorise autrement, par exemple en le donnant à une autre personne ou à un organisme. On peut aussi laisser aller notre créativité et le transformer, disons en décoration! (voir aussi recyclable, recyclé, compostable, compostable, compostage, gestion des matières résiduelles (GMR)).
  • Finalement, l’objectif est d’éliminer les déchets seulement s’ils n’ont pas pu trouver une seconde vie à travers l’une des étapes précédentes (voir aussi économie circulaire).

Pourquoi prioriser le refus et la réduction à la source?

D’abord, parce que  la planète n’est pas une poubelle!

Le programme pour l’environnement de l’ONU (UNEP) estime que les villes du monde produiront, en 2025, 2,2 milliards de tonnes de déchets chaque année. Les trois pays qui génèrent le plus de déchets par habitant sont les Bermudes, les États-Unis et le Canada. (2)

Au Québec, ce sont 13 millions de tonnes de matières résiduelles qui sont générées chaque année. On estime le coût de la gestion de ces matières à 1,3 milliard $ annuellement. (3)

Bref, réduire les déchets à la source diminue aussi les coûts pour la société.

Parmi les étapes du 5RVE, le refus et la réduction constituent les actions les plus significatives en termes d’impact. Refuser d’emblée de consommer ou d’acheter un produit est plus bénéfique que de traiter un déchet, même s’il est recyclable ou compostable. On évite dès le début d’utiliser des ressources et de l’énergie pour fabriquer l’objet, le transporter, l’entretenir puis en disposer en fin de vie.

Les règles de base de la réduction à la source

Recyc-Québec propose des règles de base pour réduire les déchets à la source qui sont facilement applicables au sein d’une organisation (ou chez soi). (2)

1)  Évaluer ses besoins

Le concept général de réduction à la source (lire aussi Réduire à la source, la clé du succès de toute démarche en développement durable) nous invite à repenser nos façons de faire et à faire preuve de créativité pour trouver des alternatives : En avons-nous vraiment besoin? Ce besoin peut-il être comblé autrement?

2)  Privilégier des produits durables

Les produits durables sont conçus pour être moins dommageables pour l’environnement tout au long de leur cycle de vie et pour durer plus longtemps (voir aussi obsolescence).

Un objet écoconçu sera souvent fabriqué avec des matières moins polluantes (acier inoxydable, bois, carton recyclé, etc.) (voir aussi écoconception et lire l’article L’écoconception pour optimiser vos produits et vos services en tourisme).

Privilégiez aussi l’acquisition de biens pouvant être réparés s’ils sont endommagés plutôt que d’avoir à racheter. Pour ce faire, informez-vous sur les garanties, posez des questions. Le processus de décision d’achat est peut-être plus long, mais beaucoup plus avantageux à long terme! (voir aussi achat local, approvisionnement responsable).

3)  Réduire le plastique et les emballages à usage unique

L’utilisation de produits à usage unique est fortement répandue en tourisme, entre autres dans le secteur de la restauration et de l’événementiel. Pourtant, il existe de nombreuses alternatives. Sans oublier que de plus en plus de grandes villes, dont Montréal, interdisent les plastiques à usage unique dans les commerces (4). Il est donc temps de s’y mettre!

L’alternative la plus évidente est de proposer des produits réutilisables plutôt que jetables (vaisselle, ustensiles, contenants, etc.). La Coop de solidarité Retournzy, à Montréal, propose d’ailleurs un service clé en main de location, de collecte et de lavage de contenants réutilisables consignés. Cette initiative concrète permet aux restaurateurs, aux traiteurs et aux organisateurs d’événement de servir leurs repas dans des contenants en location. Les contenants sont fabriqués avec des matériaux sains pour le consommateur et pour l’environnement (ex. acier inoxydable).

À l’inverse, vous pourriez aussi accepter que vos clients apportent leurs propres contenants pour les remplir ou en développer un système de consigne (récipients, bocaux, tasses en consigne, etc.).

De plus, n’hésitez pas à privilégier le format libre-service : thermos fermés avec bec verseur pour le café, distributrice libre-service ou bien des stations de remplissage pour bouteilles d’eau connectées comme celles proposées par Kupa Station!

En complément, notre article Les emballages déballés : les attributs environnementaux sous la loupe s’intéresse à l’offre d’emballage dits écoresponsables et vous propose des pistes pour faire de meilleurs choix.

Le gaspillage alimentaire

Le gaspillage alimentaire se définit comme toute partie comestible d’un aliment qui sera jetée à n’importe quelle étape de la chaîne alimentaire (voir aussi cycle de vie). Au Canada, 2,2 millions de tonnes d’aliments comestibles sont gaspillés chaque année. (5)

Si la moitié du gaspillage alimentaire au Canada survient chez les particuliers, l’autre moitié concerne toute la chaîne de valeur, soit de la culture à la distribution, incluant la restauration. Considérant les faibles marges de profit dans l’industrie, le gaspillage alimentaire est aussi un problème économique. Ainsi, mettre en place des stratégies de réduction du gaspillage, c’est aussi réduire ses coûts !

La clé est de cibler les sources de gaspillage dans votre organisation, soit quel aliment est jeté et à quel moment. Notre article Apprenez à connaître vos déchets! vous aide d’ailleurs à y voir plus clair.

Chez Intercontinental Montréal, par exemple, on quantifie la production de déchets organiques grâce au logiciel Winnow (5). Documenter les pertes a permis à l’établissement de mettre en place des actions pour s’ajuster. Notamment, le pain est servi uniquement sur demande ou à l’arrivée du premier plat pour limiter le gaspillage.

Pour réduire le gaspillage alimentaire, vous pouvez aussi :

  • Limiter la variété sur le menu et/ou offrir certains éléments sur demande seulement (accompagnements, sauces, pain, etc.).
  • Proposer une offre alimentaire locale et selon les saisons.
  • Mettre en place des aménagements extérieurs nourriciers (lire Des aménagements extérieurs durables et vivants pour un environnement sain)
  • Transformer les résidus alimentaires en énergie renouvelable et en biofertilisant grâce à des technologies comme celles de Solucycle.

Quoi faire si on doit absolument se départir d’un objet?

Vous faites preuve de bonne volonté, mais vous devez vous rendre à l’évidence et vous départir d’un objet ?

Assurez-vous de l’envoyer au bon endroit pour qu’il soit valorisé ou traité de la bonne façon:

  • Faites-en don à des organismes ou personnes dans le besoin plutôt que de jeter (friperie ou comptoir vestimentaire, quincaillerie du réemploi, etc.).
  • Effectuez un tri rigoureux pour que la bonne matière atterrisse dans le bon bac. L’application mobile Ça va où? de Recyc-Québec est utile pour savoir où déposer votre matière selon votre municipalité (6).

  • Pensez à l’économie circulaire  : les déchets des uns deviennent la richesse des autres! (voir aussi mutualisation et économie de partage).

Envie de rejoindre le mouvement Tourisme durable Québec?  C’est par ici pour connaître les avantages et par ici pour l’adhésion.

POUR ALLER PLUS LOIN

 

 

 

Sources

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