18 avril 2023

Réduire à la source, la clé du succès de toute démarche en développement durable

La réduction à la source est souvent associée aux actions visant à diminuer la quantité de résidus à gérer à la fin du cycle de vie d’un bien. Pourtant, la réduction à la source va bien au-delà de la réduction des déchets. Elle s’applique à de nombreux aspects de nos vies et nous appelle à revoir notre relation avec les biens matériels, mais aussi avec le travail, le voyage, nos loisirs, la mobilité, nos bâtiments, etc.

En tant qu’entreprise touristique, vous pouvez appliquer plusieurs principes de réduction à la source au sein de votre organisation.

Pourquoi réduire à la source?

La transition socioécologique implique de repenser collectivement notre mode de vie pour répondre aux grands bouleversements que traversera notre société dans les prochaines décennies (changements climatiques, perte de biodiversité, épuisement des ressources naturelles). L’objectif est de créer une société plus écologique, juste et équitable où l’on se concentre sur l’essentiel, tout en respectant la capacité de support des écosystèmes et en tenant compte des enjeux sociaux. 

Bien entendu, cette transition nécessitera de revoir nos façons de consommer dans l’ensemble. Elle impose de se questionner sur nos besoins réels : En ai-je vraiment besoin? Mon besoin peut-il être comblé autrement?

Réduire à la source permet d’éviter l’utilisation superflue de ressources naturelles et d’énergie ainsi que l’ajout non essentiel de matières résiduelles dans le système de traitement de celles-ci. C’est le principe des 5RVE, dont les deux premières étapes, le refus et la réduction, sont les actions les plus significatives en termes d’impact (voir aussi Écoconception).

 

Réduire à la source : bien plus que réduire ses déchets!

La réduction à la source en tourisme

En tourisme, la réduction à la source peut signifier de diminuer le rythme des voyages pour privilégier le tourisme lent (voir aussi Tourisme durable). Il s’agit aussi d’une façon de prévenir le surtourisme, soit la présence trop importante de touristes dans un lieu donné par rapport à sa capacité. En effet, le surtourisme entraîne des pressions importantes sur l’environnement local, les infrastructures et la culture (voir aussi Communauté d’accueil et lire Tourisme et décroissance : vers une inévitable mutation de notre rapport au voyage).

Dans le même ordre d’idées, les entreprises touristiques peuvent choisir de ne pas placer l’augmentation des revenus et la croissance absolue comme l’ultime indicateur de succès. Il est tout à fait possible de prôner des modèles d’affaires viables, axés sur la qualité des produits, l’épanouissement au travail, le respect de la nature et des communautés, l’économie de partage, etc. (voir aussi Décroissance et Indicateur de performance). Une durée de séjour plus élevée (dans une logique de tourisme lent) ou la satisfaction de la communauté d’accueil sont des exemples d’indicateurs basés sur le tourisme durable.

En complément, la réduction à la source peut se traduire par un approvisionnement responsable, c’est-à-dire l’acquisition de biens et de services qui répondent à des critères environnementaux, économiques et sociaux. L’achat local et la mutualisation des ressources sont des exemples de bonnes pratiques en approvisionnement responsable (lire les textes Approvisionnement responsable : Enjeux et pratiques et La mutualisation comme stratégie d’affaires : tes ressources, notre richesse!).

 

Réduire les émissions de GES liées au transport

Le secteur des transports représente l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale. Au Québec, plus de 43% des émissions de GES proviennent du transport (1). Dans le cas du secteur touristique, 75 % des émissions mondiales de CO2 sont associées à celui-ci (2). 

C’est pourquoi il est essentiel que l’industrie touristique mise davantage sur le transport actif et collectif, mais incite aussi les touristes à limiter leurs déplacements, par exemple en demeurant plus longtemps au même endroit ou en réduisant la longueur des itinéraires (voir Mobilité durable, Mobilité active et Mobilité partagée et lire le texte Comment développer de bons projets en mobilité touristique durable?).

 

Réduire nos déchets

Chaque année, des milliards de tonnes de déchets sont produites à travers le monde, dont 13 millions de tonnes au Québec (3), ce qui génère des coûts astronomiques pour la société qui doit traiter toutes ces matières résiduelles.

Réduire ses déchets à la source, en refusant d’emblée de consommer ou d’acheter un produit, constitue la meilleure solution pour faire face à ce problème. En effet, on évite dès le départ d’utiliser des ressources et de l’énergie pour fabriquer l’objet, le transporter, l’entretenir puis en disposer en fin de vie (voir Gestion des matières résiduelles (GMR)).

Pour ce faire, on peut d’abord privilégier des produits durables et écoconçus, qui peuvent notamment être réparés s’ils sont endommagés plutôt que remplacés (voir Écoconception et lire le texte L’écoconception pour optimiser vos produits et vos services en tourisme).

Réduire les déchets à la source signifie aussi diminuer les emballages à usage unique en proposant des produits réutilisables ou en acceptant que vos clients apportent leurs propres contenants pour les remplir.

Finalement, on peut s’attaquer au gaspillage alimentaire en limitant la variété sur le menu, en proposant une offre alimentaire locale et saisonnière, ainsi qu’en faisant le suivi des intrants et des pertes pour s’ajuster.

Pour plus de trucs et de conseils sur la réduction des déchets à la source, lire le texte La réduction des déchets sous la loupe.

 

Infrastructures durables et efficaces

Bâtiment

Un bâtiment durable et efficace se veut bien conçu en amont pour s’assurer qu’il réponde aux besoins, tout en réduisant à la source la quantité de matériaux et sa consommation énergétique. Le texte Construire l’avenir, un bâtiment durable et efficace à la fois! propose de précieux conseils pour que vos infrastructures touristiques puissent atteindre cet objectif.

Aménagement extérieur

Pour ce qui est de votre site extérieur, il est aussi possible de réduire les impacts sur la biodiversité et les écosystèmes en aménageant des espaces durables et résilients (voir Aménagements extérieurs durables et lire le texte Des aménagements extérieurs durables et vivants pour un environnement sain).

Sobriété numérique

Le numérique fait partie intégrante de nos vies. Pourtant, de nombreux impacts environnementaux sont reliés à ces technologies : 4% des émissions mondiales de GES sont attribuables à celles-ci (4) et la demande en énergie et en métaux nécessaires à la production des technologies numériques est croissante (5). 

Plus que jamais, le concept de sobriété, particulièrement dans le domaine numérique, démontre son importance. Pour plusieurs d’entre nous, cela signifie réduire notre consommation d’écran. Pour les entreprises, cela peut aussi se traduire par une certaine modération dans la création de site web. Un site web lourd à télécharger demande plus d’énergie aux serveurs : l’idéal est de réduire le poids des fichiers, des images et des vidéos, et d’éliminer les fonctionnalités ou le contenu superflus (voir aussi numérique responsable et obsolescence).

La décroissance pour aller plus loin

La décroissance est à contre-courant de l’objectif de la croissance économique à tout prix que l’on valorise dans notre société. La décroissance propose de choisir de réduire notre consommation et de limiter notre développement dans le but de vivre dans un monde plus juste et durable. Ralentir notre mode de vie, refuser d’acheter et revenir à des gestes simples (partager, mettre en commun, réparer, faire soi-même, etc.), sont des actions fortes et génératrices d’impacts positifs pour l’avenir, selon ce concept.

La décroissance est-elle compatible avec le tourisme? Par où pourrions-nous commencer? C’est à ces questions que propose de répondre le texte Tourisme et décroissance : vers une inévitable mutation de notre rapport au voyage.

Envie de rejoindre le mouvement Tourisme durable Québec?  C’est par ici pour connaître les avantages et par ici pour l’adhésion.

Lire aussi

Sources

(1) Plan pour une économie verte 2030 | Réduire les GES en transport, Gouvernement du Québec (Consulté le 12 mars 2023) 

(2) Climate Change and Tourism – Responding to Global Challenges, Rapport du UNWTO (2008)

(3) Prévenir le gaspillage alimentaire, Recyc-Québec (Consulté le 24 mars 2023)

(4) L’effet rebond : la face cachée du bilan environnemental des technologies numériques, Commission de l’éthique en science et en technologie (26 février 2021)

(5) Ruée minière au XXIè siècle : jusqu’où les limites seront-elles repoussées?, Aurore Stephant (2022)

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